par Shala      Voilà maintenant un an que Steve s'est installé avec Catarina dans un petit appartement aux alentours de Central Park. Depuis qu'il a récupéré son corps, il ne s'est jamais senti aussi bien. Tout lui sourit, il travaille en tant que coursier pour de grandes sociétés. Il a un horaire idéal, il ne se lève pas trop tôt, ne finit pas trop tard. Catarina a repris ses études d'art et fait serveuse dans un pub pour arrondir les fins de mois du couple. Ce soir Cat ne travaille pas, Steve et elle ont prévu d'aller au restaurant, pour fêter leur première année de vie commune. Toute excitée par cette soirée, Cat est déjà en tenue de soirée, alors que Steve n'est pas encore rentré du boulot. D'ailleurs il est en retard, ce qui n'est pas son habitude... - Bon sang Steve qu'est ce que tu fabriques? Il est déjà 19h30... Quelqu'un sonne, Cat prend l'interphone. - Oui? - Le carrosse de madame est avancé... Elle enfile son manteau, se précipite jusqu'en bas, et découvre Steve en costume trois pièces qui attend un casque à la main sur son scooter de coursier. Elle ne peut s'empêcher de sourire, puis embrasse son homme. - Espèce d'idiot! Et moi qui m'attendait à une calèche ou une limousine... - Ca ce sera pour le deuxième anniversaire. - Faudrait vraiment qu'on pense à acheter une voiture. - Tu n'aimes pas le grand air? - Disons que je n'aime pas la météo capricieuse de New York, et que je préfère grandement un siège avec ceinture de sécurité. - Je vois. Bon allez grimpe, la réservation est pour 20h. - Pas besoin de me le rappeler, tu me le répètes sans cesse depuis que la réservation est faite. En arrivant au restaurant, le voiturier ne sait pas quoi dire, ça doit bien être la première fois qu'on arrive en scooter à son restaurant. Quand Steve lui lance les clés, il a failli ne pas les attraper. Ce restaurant est du genre de ceux où il faut réserver bien longtemps à l'avance. Architecture raffinée, lustres d'époque, orchestre en fond de salle, et tenue de soirée obligatoire... Pas de doute, ce soir les deux tourtereaux ont mis les petits plats dans les grands. Le lieu a été recommandé à Steve par l’un des patrons de la société où il travaille, c'est d'ailleurs grâce à lui que Steve a pu réserver au dernier moment. Leur table est située près de l'orchestre, soi-disant une des meilleures tables du restaurant. La soirée se passe merveilleusement bien, le couple discute de tout et de rien, sans jamais se lâcher du regard. - Dis-moi, ça ne te manque pas? - De quoi tu parles? - D'être Requiem. Ca fait un an qu'on est ensemble, mais ça fait aussi un an que tu as récupéré ton corps et que tes pouvoirs ne se sont plus manifestés. - Et c'est très bien comme ça. Pourquoi est-ce que ça me manquerait? J'ai tout ce que je souhaite pour être heureux. Un boulot sympa, un appart près de Central Park, et surtout une femme qui m'aime et que j'aime par dessus tout. - (sourire) Donc ça ne te manque pas de jouer au héros? - Requiem est sans doute le héros le plus minable qu'ait eu cette ville. Je faisais tout de travers, J'ai tué plus de personnes que j'en ai sauvé. Non je t'assure, ça ne risque pas de me manquer. - Je... Je m'excuse. Je n'aurais pas du en parler. - Ca ne me gène pas d'en parler ma puce, mais pas aujourd'hui, pas dans un moment pareil. Là maintenant je n'ai qu'une chose en tête, faire de cette soirée un moment inoubliable. - Tu as raison. Et pour ça il faut s'y mettre à deux... Le couple s'embrasse, et termine le dîner comme il a commencé, merveilleusement bien. A la sortie du restaurant, Steve veut donner son ticket de parking au voiturier, mais Cat l'en empêche au dernier moment. - Oublions un peu ce scooter. Tu viendras le chercher demain. - Tu veux qu'on prenne un taxi? - Ce n'est pas exactement ce que j'avais en tête. Le temps est clément aujourd'hui, et... - J'ai compris. Allons nous balader. Steve remet son ticket de parking en poche, et les deux amoureux partent bras dessus bras dessous en direction de Central Park. Il y avait bien longtemps que Steve n'avait plus fréquenté ces quartiers de nuit. Il avait oublié à quel point ils pouvaient être sinistres et peu rassurants. Il commence d'ailleurs à se demander si l'idée de rentrer en marchant était bonne. - Tu sais à quoi me fait penser cette lune? - Hein? Excuse-moi Cat, tu disais? - Cette lune, tu sais ce qu'elle me rappelle? - Vas-y dis moi... - Le premier tableau que j'ai fait sur toi. Enfin, sur Requiem je veux dire, quand je ne savais pas encore que c'était toi. Je t'avais peint... - Devant une lune, ça me revient maintenant. Tu devais pas être bien maligne pour tomber amoureuse d'un idiot pareil quand même. - Ouais. Et quand je pense que c'est avec cet idiot que je vis aujourd'hui... Le rire des deux tourtereaux est interrompu par un homme, sorti d'une petite ruelle. Il se place devant le couple et sort une arme à feu. - Allez, pas d'histoires, passez dans la ruelle. Steve lance un regard mauvais, mais Cat lui tire le bras et lui fait non de la tête. Il décide finalement d'obéir. Dans la ruelle, un deuxième homme les attend, lui aussi armé. - Tiens tiens, qu'avons nous la? On ne vous a jamais appris que c'est pas prudent de sortir comme ça la nuit? Steve balance son portefeuille à la figure du malfrat. - Prenez ce que vous voulez et allez vous-en. On ne veut pas de problèmes. Le malfrat répond avec un coup de crosse au visage de Steve. - Ici c'est moi qui commande sale bâtard! Il lui donne ensuite un coup de pied dans l'estomac. Son pote rigole, puis pose ses yeux sur le décolleté de Cat. - Et toi ma jolie, donne-moi ton sac. - Nan! crie Steve - Toi la ferme! Les deux malfrats rouent Steve de coups, pendant que Cat reste paralysée par la peur. - Arrêtez! - Cat va-t-en! - Non! - Fais ce que j'te dis! - Mais tu vas la fermer! Cat hésite un instant, puis décide d'obéir à son homme et court pour trouver de l'aide. - Où tu vas ma belle? Le malfrat tire trois balles, Cat s'écroule en plein milieu de la rue. - Nooooooooooooooooooon!!!!!!!!!! - Fais-le taire! - C'est toi le patron. Le second malfrat vide son chargeur sur Steve, il ne bouge plus. Le premier ramasse le sac de Cat, le second le portefeuille de Steve. Ils échangent un sourire et partent dans des directions opposées. La douleur, le goût désagréable du sang dans la bouche... Pas de doute, Steve n'est pas encore mort. Il tente difficilement de respirer, malheureusement sa poitrine lui fait un mal de chien. Mais il y a plus important... - C... Cat! Le pauvre rampe comme il peut vers sa bien-aimée. Elle a beau être à quelques mètres seulement, la douleur lui donne l'impression qu'elle est à des kilomètres. Le quartier est désert, personne n'a rien remarqué, personne ne viendra à leur secours. Mais Steve ne veut pas le savoir, il continue à ramper. Arrivé à sa hauteur, il ne veut pas se rendre à l'évidence. - Cat... Ma... Ma puce... C'est moi... Ouvre les yeux... Je t'en prie... Elle est morte. Une balle est venue se loger dans le bas de son crâne, elle est morte sur le coup. - Tu peux pas me faire ça... Tu entends? J'ai besoin de toi... T'as pas le droit de me laisser... Il l'embrasse, appuie son front contre le sien, l'embrasse à nouveau... Il ne veut pas la laisser partir. - Ca ne peut pas se passer comme ça... Tu dois rester à mes côtés, TU M'ENTENDS! Sa tristesse commence à se transformer en rage. Les larmes cessent de couler, ses poings se serrent, ses blessures se referment lentement... Et ses yeux... Ses pupilles... Elles changent... Elles se remplissent lentement d'une couleur rouge sang. Il peut le sentir... Ils reviennent... C'est sa rage qui les a fait revenir... Plus puissants que jamais. Et il compte bien s'en servir... Pour leur faire payer. Il se relève, prend le corps de Cat, et le pose sur le trottoir près du mur. - Je reviens tout de suite mon ange. Et il disparaît tout à coup, sans bruit. - Pfff... Tout ça pour une carte de crédit et un portefeuille vide. Les gars en costard, c'est plus ce que c'était. - Meeeeeeeeoooooooow - Quoi!? Le bandit sort son flingue et voit un chat sortir d'une poubelle. - Saloperie de chat... Tu m'as foutu les jetons abruti. En se retournant, il tombe nez-à-nez avec Steve. - Qu... Qu'est ce que ça veut dire? On t'a tué! - Il semblerait que t'ai raté ton coup. - Wai ben cette fois j'vais pas te louper! Avant même qu'il ai le temps de tirer, le malfrat se prend un coup de coude dans les côtes et se fait casser le bras. Son cri de douleur est interrompu par la main de Steve, qui vient lui écraser la mâchoire et le décoller du sol. La seconde d'après, il se retrouve suspendu dans le vide, en haut d'un immeuble tout proche. - Toi et ton ami m'avez pris la seule chose qui me rendait heureux sur cette terre. Crois-tu que la mort est un châtiment assez juste pour toi? Steve lâche la mâchoire du bandit et le rattrape par la cheville avec l'autre main. - Je veux que tu voies le sol s'approcher inexorablement de ton crâne lorsque tu tomberas. - Je t'en prie mec! J'veux pas mourir! Epargne-moi steplaît! Je regrette! - Il est un peu tard pour les regrets. Dis-moi où est allé ton ami et je serai peut être clément avec toi. - Tout ce que tu veux! Il est rentré chez lui! Il habite dans l'appart au dessus du vieux cinéma! Celui où ils passent que des films en noir et blanc! - Bien. Je vais être clément. Je te promets que tu vas mourir sur le coup. - Nan attends mec! Fais pas çaaaaaaaaaaaaaaaaa... A nouveau, Steve disparaît sans un bruit. Le flingue posé sur la table, une cigarette au bec, il vérifie son butin. Un chéquier, près de 500 dollars en liquide, la pêche a été bonne. Il allume sa télé, zappe sur un programme cochon. Tout à coup plus de signal, il n'y a plus que de la neige sur l'écran. - Rhaaa putain de câble à la con! J'espère qu'il a pas morflé c't'abruti... Il vérifie son câble, rien. Il retourne s'écrouler dans son canapé, il éteint ensuite la petite lampe sur la table. - T'es fatigué? - Qu'est ce que... Il rallume la lampe, son flingue a disparu. - C'est ça que tu cherches sans doute? Steve retire le chargeur et le balance d'un côté, tandis qu'il jette le flingue derrière lui. - C'est quoi ce délire? T'es censé être mort toi! - C'est ce que j'ai expliqué à ton copain avant qu'il s'écrase, fallait mieux viser. - T... T'as tué Julius!? - Julius... Un bien joli nom pour une raclure de son espèce... - Tu vas pas t'en tirer comme ça mon pote, c'est moi qui te l'dis! - Tu m'en diras tant. Le malfrat passe sa main en dessous de son canapé et sort un fusil de chasse. Mais Steve n'est déjà plus en face de lui. - Bouh. Il se tourne vite vers la gauche mais se fait prendre son fusil. Steve le retourne directement et explose l'épaule du bandit. Le pauvre hurle et voit son bras tomber au sol dans une marre de sang. Il sécroule, la douleur l'empêche presque de respirer. Il tente de la surmonter et commence à ramper. Il s'appuie sur un meuble pour tenter de se relever, il y arrive très difficilement. Steve pendant ce temps ouvre le fusil de chasse, retire la cartouche vide et remet une nouvelle cartouche trouvée par terre près du canapé. Le malfrat passe la porte de son appartement et manque d'embrasser le sol à nouveau. Il se tire comme il peut jusqu'à l'escalier, et commence à le descendre. Steve quant à lui reste sur le pas de la porte, il écoute les pas du bandit entrain de tituber. Il décide finalement de le suivre et commence à fredonner une chanson. - Il court il court le furet... Le manchot arrive difficilement en bas des escaliers et voit apparaître Steve devant lui. - Et bien, cours mon grand, cours pour ta vie... Il prend la première issue qu'il trouve, et arrive derrière l'écran de cinéma. Cette nuit il y a du monde, C'est une nuit spéciale polar. Son ombre se reflétant sur l'écran, le public commence à siffler. Mais quand l'ombre armée d'un fusil de chasse fait son apparition, tout le monde se fige. - Je t'en prie, épargne moi... - Quoi, tu vas te mettre à chialer comme ton pote? - J'ai un gosse... - Pauv'lui... - Je suis prêt à me rendre à la police, à purger ma peine... - Tu vas purger ta peine en enfer... La séance est terminée. Le coup de feu résonne dans toute la salle, le malfrat passe à travers l'écran, le torse perforé. La panique s'empare de la foule, tout le monde se piétine presque pour sortir de la salle. Steve passe par le trou de l'écran, et jette le fusil sur le corps sans vie de sa victime. Il lève les yeux sur les quelques personnes qui le fixent d'effroi, puis disparaît. "Un meurtre a été commis cette nuit devant plusieurs témoins dans un vieux cinéma... L'assassin n'a pas encore de nom mais on a déjà pu établir un portrait robot... Cet homme est sans doute armé et très dangereux. Merci de contacter la police si vous savez quoi que ce soit à son sujet..." - On dirait que t'a fait fort cette fois... - Qui est là? - Tu ne me reconnais donc pas Steve? - Ah, toi... Qu'est ce que tu veux? - Te proposer mon aide... - Elle est bien bonne celle-là. Et en quoi tu pourrais m'aider? - Ca c'est à toi de voir... - Je m'en sors très bien sans toi... Je n'ai jamais voulu que tu reviennes... - Oui mais je suis de nouveau là. Que tu le veuilles ou non. Et puis vu la situation, ça ne te ferait pas de mal de redevenir moi... - C'est hors de question. - Réfléchis... Il t'est impossible de reprendre une vie normale après les événements de cette nuit. Tu as franchi un point de non-retour Steve... Oublie ta petite vie normale, elle s'est éteinte avec Catarina... - Je te défends de prononcer son nom! Il se relève en sursaut. Un rêve... Ce n'était qu'un rêve... Mais les événements de cette nuit étaient bien réels. Cat est morte... Steve a tué ses assassins... Et tout le monde est au courant. Vu que Steve a déposé le corps de Cat devant un hôpital, la police ne devrait pas tarder à inspecter l'appartement. Il ne doit pas rester là, il doit disparaître, se faire oublier. Il s'arrête un instant sur la photo qui se trouve sur la commode. Il y tient Cat dans ses bras, une superbe photo. C'est la seule chose qu'il emporte avec lui. Sur le toit de son immeuble, il contemple une dernière fois Central Park. Ses yeux se posent à nouveau sur la photo. - Tu as raison... Ma vie s'est arrêtée avec elle... Un coup de tonnerre, une averse... Même le ciel semble lui donner raison... - Très bien... Tu as gagné... C'est reparti pour un tour... Les doigts qui tiennent la photo se recouvrent de rouge, tandis que le reste de son corps se couvre de noir... Laissant apparaître la croix rouge sur son torse... et illuminant ses yeux d'une aura rougeâtre... Requiem... is back... < Retour au Sommaire - Vers l'Episode 1>

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