par Shala

      Quatre mois ont passé depuis la mort de Catarina. Quatre mois que Steve a disparu pour laisser place à Requiem. Durant cette période, des criminels se sont mis à disparaître un à un, tous emportés par l'ombre aux yeux rouges. A présent tous le savent, Requiem n'est plus le héros qui sauve des vies. C'est un esprit vengeur, une faucheuse qui peut frapper à tout moment, pour régler leur compte définitivement.
Les barons du crime ne prennent pas ces racontars à la légère, ils se rendent bien compte que l'homme en noir est devenu un véritable danger pour leur business, et surtout pour leur vie. Le temps d'une soirée, ils ont laissé leur rivalité de côté, et se sont réunis afin de trouver une solution à ce problème. La réunion a lieu en territoire neutre, dans une usine abandonnée. Tous les clans, gangs, et autres organisations criminelles importantes de la ville sont représentés. Une fois tout le monde installé, l'homme placé en bout de table prend la parole.
- Messieurs, l'heure est grave. Pendant que nous nous efforçons chacun de notre côté d’établir notre business, un dangereux psychopathe vient nous mettre des bâtons dans les roues. Il supprime nos hommes un à un, sans aucune distinction. Les pertes commencent à être lourdes dans chaque camp. Merci d'avoir tous répondu présent. Ce soir, nous allons trouver ensemble une solution au problème Requiem.
- Vous avez une proposition à nous faire?
- En quelque sorte. Il est évident que si nous essayons de l'avoir chacun de notre côté, la défaite est inévitable. Nous devons donc nous unir sur ce coup. Mais voilà, c'est bien beau de le dire, il faut pouvoir le faire. Nous devons donc réunir chacun de nos plus grands stratèges, nos meilleurs hommes de terrain, et un directeur des opérations.
- Ou plutôt une direction composée de plusieurs personnes. Il est hors de question de laisser un seul homme diriger tout ce petit monde.
- Certes. Quoi qu'il en soit, il est impératif de monter tout ça au plus vite.

La discussion continue plus ou moins dans le calme. Un homme fait irruption dans la pièce et vient annoncer discrètement quelque chose à son patron. Une minute plus tard, un autre homme entre et fait de même avec son propre patron. Ce dernier prend la parole.
- Messieurs, je crois que nous avons un problème.
Un troisième entre tout paniqué, il approche de la table de réunion.
- Il est là! Il a pris Carl! Il l'a emprisonné dans le mur!
- Qu'est-ce que tu racontes?
- Je l'ai vu j'vous dit! Requiem! Il est sorti du mur et il a emmené Carl!
- Ca explique la disparition de mes hommes à l'entrée de l'usine. Dit le premier
- Et celle des miens sur le toit. Explique le deuxième
- Cet enfant de salaud est donc ici... Restons sur nos gardes messieurs. (il saisit une radio) Je veux tout le monde dans la salle de réunion, maintenant!
Les autres chefs font de même, mais aucune réponse. Une voix commence alors à résonner dans toute la pièce.
- Hinhinhinhin... Désolé, vos chiens de garde ne sont pas là pour l'instant, mais peut-être pourrais-je prendre un message?
Ceux qui n'avaient pas encore sorti leur arme le font, et chacun scrute les quatre coins de la pièce à la recherche d'une présence étrangère. Tout à coup, un corps apparaît à plusieurs mètres du sol et vient s'écraser lourdement sur la table de réunion. Par réflexe, tout le monde ouvre le feu et transforme le corps d'un pauvre garde en steak haché.

- Vous devez être drôlement tendus pour vous acharner de la sorte sur un corps sans vie. Serait-ce moi qui vous fait peur à ce point?
- Montre-toi enflure!
- Patience... Je veux d'abord savoir pourquoi des crétins comme vous sont devenus les pointures du crime organisé. Apparemment, ce n'est pas pour votre courage...
- Moi j'en ai marre, je me casse d'ici!
- Oh non, personne ne va nulle part...
Un bruit sourd se fait entendre, l'homme qui s'était levé ne peut plus bouger. Un couteau est venu se planter au sol au niveau de son ombre.
- Maintenant que vous m'avez fait le plaisir de tous vous réunir, je ne compte pas vous manquer de respect en vous laissant partir...
Requiem apparaît à côté du paralysé. Les autres pointent leurs armes en sa direction, mais hésitent à tirer.
- Faites attention messieurs, il serait regrettable de toucher Garcia par inadvertance... Dit l'homme en bout de table
- Qu'est-ce qu'on s'en branle, C'est un rival en affaires non? dit un autre
- Mais enfin vous êtes fous! Vous n'allez quand même pas faire ça!? Crie Garcia
- Terrence n'a pas tord...
- Wai j'suis d'accord...
- Moi aussi...
Pendant ce temps, Requiem reste accoudé à l'épaule de Garcia.
- Tu as vu comment ils essayent de profiter de la situation? C'est vraiment des sales types... Bouge pas... Ah mais c'est vrai, tu ne peux pas...
Requiem se place quelques mètres sur le côté et tend les bras.
- Voilà messieurs! Vous avez le champ libre à présent...
Sans hésiter une seconde, tout le monde tire en direction de l'homme en noir, qui se fond dans une ombre.

- Et merde! Où il est encore passé? Crie Terrence
- Derrière-toi mon grand... Souffle-t-il dans son dos
Terrence se retourne et tire, tout comme les autres. Mais dans la précipitation du moment, ils touchent Terrence, qui tombe raide mort.
- Bon sang c'est pas vrai! On a flingué Terrence!
- Ce que vous pouvez être mauvais tireurs...
Requiem réapparaît assis sur la table, à côté du corps criblé de balles.
- Cette fois-ci on te loupe pas!
- Non attendez bande de crétins!
L'homme en bout de table n'a pas le temps de finir son avertissement que les balles fusent déjà. Ils se sont quasi tous touchés entre eux, sans toucher Requiem qui s'est envolé bien trop vite.
- Espèces d'idiots! Il était gros comme une maison ce piège! N'avez-vous donc pas de cervelle!
- Il semblerait bien que non. Donc si vous êtes tous devenus les boss de votre groupe, c'est pas non plus à cause de votre intelligence... Ni courage, ni intelligence... Mais comment en êtes-vous arrivés là alors?
- Arrête ton petit jeu Requiem... On se passera de tes sarcasmes.
- C'est un peu tôt pour arrêter le jeu...
Requiem réapparaît sur la table, debout cette fois. Il lève les mains, puis les plonge comme par magie dans sa poitrine. Il en sort deux flingues.
- D'autant plus que c'est à mon tour de jouer...
Ceux qui sont encore vivants se défendent comme ils peuvent, mais ils finissent tous par tomber sous les balles de l'ombre aux yeux rouges. Une fois tout le monde éliminé, Requiem s'approche de Garcia.
- Te voilà à présent le seul dirigeant du crime organisé de cette ville.
- Tu... Tu es sérieux?
- Constate par toi même.
Requiem enlève le couteau planté au sol et laisse Garcia voir tous les cadavres.
- P... Pourquoi... Tu ne m'as pas tué... Moi aussi?
- (il pointe son arme sur le crâne de Garcia) Parce qu'il fallait que je mette un nouveau chargeur... et maintenant que c'est fait...
- Oh madre de Dios...

Pendant ce temps, dans une ruelle sombre et froide comme il en existe des tas à New York. Un clochard tente de se réchauffer auprès d'un feu de fortune fait avec de vieux journaux et autres objets divers. La météo n'est pas clémente avec lui, il y a une pluie battante et un vent assez violent. Le pauvre sans-abri lutte comme il peut pour préserver son feu, mais il finit par s'éteindre.
- Rhaa bon sang de bois! Même le bon dieu semble m'en vouloir... (il regarde le ciel) C'est pourtant pas ma faute si je suis à la rue! J'voudrais bien te voir à ma place!
Soudain, une légère lumière verte semble émaner d'un trou du mur en face du sdf. Il s'approche de cette lumière, et peut sentir une douce chaleur qui s'en dégage. Le bien-heureux n'hésite pas pour en profiter, il prend sa couverture et se place devant la lumière. Mais la lumière commence à se faire de plus en plus importante, il en va de même pour la chaleur. Elle finit carrément par aveugler le vieil homme et à lui brûler le visage. Evidemment il recule, et rejoint son caddy en rampant à reculons. La lumière commence à former un cercle d'environ un mètre de diamètre. à l'intérieur du cercle se forme un dessin, ou plutôt des symboles. Une fois tous les symboles formés, l'intérieur du cercle disparaît pour laisser place à un passage aussi sombre que les ténèbres.
Une main agrippe le bord du cercle, puis une autre. Quelque chose ou quelqu'un tente de s'extirper du cercle. Le vieux sdf n'arrive pas à distinguer totalement la chose, ses yeux le font toujours souffrir.

Plus un bruit. Le clochard n'aperçoit plus la lumière du cercle, et ce silence l'inquiète. Une respiration presque bestiale se fait alors entendre, ainsi que des bruits de pas en sa direction.
- Non! Allez vous-en!
Il se relève, trébuche sur son caddy, se relève à nouveau. La lumière étant la seule chose qu'il arrive encore à voir, il court comme il peut vers la lumière la plus proche. Les pas dans son dos sont toujours audibles, et se rapprochent.
Et puis plus rien. A nouveau le silence complet. Il se retourne, mais la ruelle est trop sombre, il ne voit toujours rien. Un souffle brûlant vient se poser sur sa nuque.
- As-tu déjà vu l'enfer vieil homme?
Le pauvre est trop effrayé pour répondre quoi que ce soit.
- Non? Dans ce cas, laisse moi te le montrer...
Le clochard aperçoit deux points verts et lumineux, comme deux yeux au milieu des ténèbres. Petit à petit, il se sent partir, comme si sa vie était absorbée lentement, dans une souffrance atroce. Le pauvre n'a même plus assez de force pour crier, il est déjà trop tard...
- Ce n'est pas suffisant... Ce type est trop faible, je dois en trouver d'autres...
La chose disparaît sans un bruit, dans le noir le plus complet.

"Vampayah Killah! We are Vampayah Killah! Vampayah Killah! We are Vampayah Killaaaaah!"
La musique à fond, c'est toujours dans ces conditions qu'il travaille. Sans musique, il ne prendrait pas autant d'entrain à travailler dans sa boutique. Ca fait peut-être fuir certains clients, mais ça conserve les connaisseurs. Car ceux qui savent ce qu'ils cherchent ne vont pas chez lui pour sa musique mais bien pour ce qu'il vend. Et les articles que vend ce cher Quentin Whiterspoon ne sont vraiment pas des articles ordinaires. Objets mystiques, pendentifs vaudou, capteurs de rêves, bouquins ésotériques... Certains néophytes qualifieraient cette boutique d'attrape-nigaud, d'autres la qualifieraient plutôt de mine d'or. Quoi qu'il en soit, Quentin va recevoir un visiteur très particulier ce soir...

- Merci encore Quin.
- De rien man! Hésite pas à revenir me voir... (il regarde le dernier client s'en aller puis consulte sa montre) Bon, 1h du mat, il est temps de fermer boutique mon p'tit Quin.
Les clochettes de la porte d'entrée tintent.
- Ah désolé man, je ferme là. Reviens demain.
- Curieuse décoration. Je crois que je me suis trompé de boutique.
- (il jette un oeil vers le client et bloque quelques instants) Ne me dites pas que c'est l'encens qui me fait avoir des hallucinations? Je rêve pas, z'êtes Requiem!
- Ouais. Mais comme j'ai dit je me suis trompé de boutique. Désolé de vous avoir dérangé.
- Attends Mistah Dark Man! Dis-moi toujours ce que tu cherches! J'suis sûr que le Quin il peux t'aider.
- (il fixe les chaussures jaunes de Quin) Nan, un gars avec des pompes pareilles peut sûrement pas m'aider.
- Yo! Respect with my shoes man! Est-ce que moi j'le critique ton costume moulant?
- C'est pas un costume...
- Wai wai... Tu m'as vexé man, faut pas vexer Quin.
- Ou sinon?
- Ou sinon... Il va t'arriver un truc. Enfin soit. Y a pas d'autre boutique qui vend de la camelote magique dans le coin man. Donc si t'es venu ici, c'est que tu cherches quelque chose que je peux sûrement te fournir.
- Dans mes souvenirs cette boutique ne ressemblait pas du tout à ça. Et elle était tenue par une vieille dame.
- Wai, Tinte Whiterspoon, ma tata. Elle repose en paix now man. J'ai eu sa boutique en héritage et j'ai fait quelques modifs.
- Ceci explique donc cela. Tu peux peut-être m'aider pour finir.
- C'est ce que j'te dis depuis tout à l'heure man!
- Il y a plus d'un an, un gars d'une vingtaine d'années est venu vendre un livre à ta tante. Un livre dont le sujet principal est "les communicants".
- Possible. Donc t'as vendu un bouquin à ma tata et now tu veux le récupérer...
- J'ai pas dit ça.
- Y a pas écrit "homme blanc" sur mon front man. J'suis pas idiot.
- Mouais, soit. Il y a environ dix mois, ta tante a rappelé pour dire qu'elle avait trouvé quelque chose d'important à propos de ce bouquin. Mais...
- Mais tu l'as envoyé paître parce que ça ne t'intéressait plus. J'me souviens maintenant. J'étais là quand elle a passé le coup de fil man. Bouge pas, j'vais te le chercher ton bouquin, Tinte ne l'avait pas mis en vente justement à cause de sa découverte.

Voilà maintenant plus de cinq minutes que Quin est passé dans l'arrière boutique. Requiem commence à s'impatienter, mais son impatience est de courte durée, car quelques petits visiteurs gênants commencent à faire leur apparition. A différents endroits de la boutique, de curieux petits trous sombres apparaissent, trous par lesquels sortent de mystérieuses créatures. Elles sont quadripèdes, pas plus hautes qu'un petit chien, et elles sont noires comme le charbon. Leurs petits yeux verts dégagent une légère fumée de même couleur, les rendant assez menaçants malgré leur taille. Les créatures se dirigent toutes vers l'homme en noir, et ne semblent pas lui vouloir du bien.
- Euuuuh Quin?
Pas de réponse.
- Désolé mon gars, mais j'crois que ta boutique va légèrement morfler.
Requiem plonge ses mains dans sa poitrine et sort ses flingues. Une des créatures tente de lui sauter au visage mais Requiem la repousse en tirant. A sa grande surprise celle-ci n'est pas morte, elle se relève et repart à l'attaque avec ses copines.
- C'est quoi ce boucan man!? Ne me dis pas que t'as tiré dans... ma... J'nage en plein délire ou quoi? C'est... C'est des...
Requiem ne lui laisse pas le temps de terminer sa phrase, il se téléporte près de lui et l'emmène à l'arrière-boutique.
- Il faut s'en aller. Il y a une sortie par ici?
- S'en aller? Ca va pas bien dans ce coin noir de ta tête man? On va les exploser ces démons mineurs!
- Ces quoi?
- Démons mineurs man. C'est la première fois que j'en vois de visu mais ils ressemblent comme deux gouttes d'eau à ceux d'un de mes bouquins sur l'enfer.
- L'enfer... Des démons... C'est une blague c'est ça?
- Ils sont apparus comment man? Par des petits trous noirs?
- Quelque chose comme ça.
- Et ben dans ce cas c'est pas une blague man. Faut les éliminer sinon ils nous lâcheront pas.
- Mes balles ne leur font rien.
- C'est parce que t'as des flingues de fillette man! Quin il va te montrer avec quoi on déglingue du démon mineur...
Quin s'approche d'une grande étagère et commence à la pousser, derrière il y a un coffre fort.
- Je sais pas ce qu'il y a dans ce coffre mais magne-toi. Je pourrai pas retenir ces bestioles bien longtemps.
- Minute, Mistah Dark Man, minute...
- J'vais être à cours de munitions...
- Utilise tes poings man!
Requiem suit le conseil de Quin et reste avec un des démons la gueule sur son poing.
- J'prends note, "ne jamais suivre les conseils d'un Jamaïcain déjanté"
Quin finit par ouvrir le coffre et en sort deux flingues étranges.
- Pool!
- Quoi? Ah...
Requiem enlève non sans mal le démon sur sa main et le jette. Quin tire un coup et explose la créature. Le Jamaïcain jette un des flingues à Requiem et à deux ils finissent tous les autres démons.
- C'est quoi cette arme?
- Je les ai appelé les petits papas. Fabrication maison. Avec ça man, t'as la puissance de deux magnums combiné avec la rapidité d'un automatique. Ca déglingue hein?
- C'est légal ça?
- Wai, sponsorisé par toys'r'us. Bien sûr que non que c'est pas légal man! (il jette un coup d'oeil dans la boutique) Bon, apparemment y en a plus. J'ai retrouvé ton bouquin au fait. Y a un canapé dans la boutique, installe-toi man, j't'apporte une tisane et j't'explique pour le bouquin.
- Expliquer quoi?
- Tu verras...

En face de la boutique, tapie dans l'ombre, la chose veille.
- C'est encore trop tôt, il me faut plus d'énergie...
Et la chose disparaît à nouveau.


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